Frère d’armes, de larmes…

Marcus Volk

La grande muette porte bien son nom. Elle fait de ses enfants des ombres, en retrait le temps de notre engagement. Elle nous a appris à contrôler nos émotions. 

Ce sont ceux qui paraissaient les plus costauds, les plus étrangers aux sentiments que je voyais toujours avant certaines opex, aller se confesser auprès de l'aumônier. Épurer leur conscience. 

Il est presque 23h et je traîne sur le site en lisant d'un côté, en écoutant un blues de l'autre, au casque. Le cœur n'y est pas. J'ai rompu avec toutes ces relations qui ne suffisent pas à combler mon vide de sens. J'en suis là. Et las. Mais qu'est-ce que tu cherches bordel ? L'étincelle. 

Osez, osez Joséphine 
Osez, osez Joséphine 
Plus rien ne s'oppose à la nuit 
Rien ne justifie
[Bashung]

Et puis cet étrange impression qu'il y a un truc qui va pas ; j'ose poser la question. Sa réponse est laconique mais d'une si grande tristesse qu'elle m'a renvoyée à tous ces mois d'intense spleen que j'ai cherché à oublier dans d'autres bras, avec d'autres corps, sans y trouver cette étincelle de la première rencontre… Et soyons honnête sans la chercher, réellement. Juste oublier et m'oublier. Et surtout : ne pas la (re) trouver. 

À lire certains textes, à déchiffrer les lignes écrites à l'encre invisible. J'ai rendu les armes. 

Et pourtant… elle est toujours là : « Scrrrtch... La roulette du briquet vient racler la pierre. C'est comme une étincelle dans ton regard avide. »

« Garde une toute petite étincelle et ne la leur donne jamais. Tant que tu l'auras, tu peux rallumer un grand feu » Charles Bukowski

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